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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-06-07 | [Acest text ar trebui citit în francais] | Înscris în bibliotecă de Guy Rancourt
Ma patrie est un visage
une lueur essentielle une fontaine de source vive C’est une main émue qui attend le crépuscule pour se poser sur mon épaule C’est une voix de sanglot et de rire un murmure pour les lèvres qui tremblent Ma patrie n’a d’horizon qu’une tendresse retenue dans des yeux noirs une larme de lumière sur les cils C’est un corps de tourments précieux comme une touffe de racines voisin de la terre chaude C’est un poème engendré par l’absence un pays à naître au bord du temps et de l’exil après un sommeil profond suspendu à un arbre aux branches fragiles frappées par le vent Ma patrie est une rencontre qui a eu lieu sur un lit de feuillage une caresse pour dire et un regard pour dormir un pays à l’écart des mots tant le souvenir est meurtri Entre nos doigts un ruisseau pour que le silence soit Mon visage est de ce ciel obstiné vide blessé par l’élégance du refus Ma chute notre amour arbre saigné défiguré par la grâce rompue une même douleur de nos corps s’est emparé Reste ce poème pour le deuil tardif d’une patrie qui n’a plus de visage. Tanger, 4 juin 1979 (Tahar Ben Jelloun, À l’insu du souvenir, 1980)
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