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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-04-06 | [Acest text ar trebui citit în francais] | Înscris în bibliotecă de Guy Rancourt
Filliou*, quand je serai guérie,
Je ne veux voir que des choses très belles... De somptueuses fleurs, toujours fleuries ; Des paysages qui toujours se renouvellent, Des couchers de soleil miraculeux, des villes Pleines de palais blancs, de ponts, de campaniles Et de lumières scintillantes... Des visages Très beaux, très gais ; des danses Comme dans ces ballets auxquels je pense, Interprétés par Jean Borlin. Je veux des plages Au décor de féerie, Avec des étrangers sportifs aux noms de princes, Des étrangères en souliers de pierreries Et de splendides chiens neigeux aux jambes minces. Je veux, frôlés de Rolls silencieuses, De longs trottoirs de velours blond. Terrasses, Orchestres bourdonnant de musiques heureuses... Vois-tu, Filliou, le Carnaval qui passe ? La Riviera débordante de roses ? J'ai besoin de ne voir un instant que ces choses Quand je serai guérie ! J'aurai ce châle aux éclatantes broderies Qui fait songer aux courses espagnoles, Des cheveux courts en auréole Comme Maë Murray, des yeux qui rient, Un teint de cuivre et l'air, non pas d'être guérie, Mais de n'avoir jamais connu de maladie ! J'aurai tous les parfums, « les plus rares qui soient », Une chambre moderne aux nuances hardies, Une piscine rouge et des coussins de soie Un peu cubistes. J'ai besoin de fantaisie... J'ai besoin de sorbets et de liqueurs glacées, De fruits craquants, de raisins doux, d'amandes fraîches. Peut-être d'ambroisie... Ou simplement de mordre au coeur neuf d'une pêche ? J'ai besoin d'oublier tant de sombres pensées, Tant de bols de tisane et d'heures accablantes ! Il me faudra, vois-tu, des choses si vivantes Et si belles, Filliou... si belles - ou si gaies ! Nul ne sait à quel point nous sommes fatiguées, Toutes deux, de ce gris de la tapisserie, De l'armoire immobile et de ces noires baies Que le laurier nous tend derrière la fenêtre. Tant de voyages, dis, de pays à connaître, De choses qu'on rêvait, qui pourront être Quand je serai guérie... (*) Petit nom que l'auteur donnait à sa mère (In Les Poèmes de Sabine Sicaud, Paris, Stock, 1958)
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