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■ a învăța să dialoghezi cu sine sau cum să faci o breșă într-un zid interior
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2022-05-19 | [Acest text ar trebui citit în francais] | Înscris în bibliotecă de Guy Rancourt Dix ans déjà – Pas une goutte qui m’ait atteint, Pas un souffle humide, pas une rosée d’amour -terre altérée de pluie… J’implore aujourd’hui ma sagesse de ne pas se faire avare en cette aridité : déborde toi-même, distille toi-même ta rosée, fais-toi toi-même pluie pour ce désert roussi ! Jadis, j’ordonnai aux nuages de s’écarter de mes montagnes, -jadis, je leur criai : « Plus de lumière, êtres obscurs ! » Aujourd’hui, je les conjure de venir : faites sur moi de l’ombre avec vos pis ! Je veux vous traire, ô vaches des hauteurs ! Sur mes terres je répandrai Sagesse chaude comme lait, douce rosée d’amour. Arrière ! Arrière, vérités au sombre regard ! Je ne veux plus, sur mes montagnes, voir d’âpres, d’impatientes vérités ! Qu’aujourd’hui, dans l’or des sourires, la vérité vienne à moi, adoucie par le soleil, hâlée par l’amour, -car je ne veux cueillir que mûre vérité. Aujourd’hui, je tends la main vers les boucles du hasard, assez malin pour le flouer, ce hasard, le mener comme un enfant. Aujourd’hui, je ferai bon accueil à tout – même malvenu ! Même pour le destin, je rentre mes piquants : Zarathoustra n’est pas un hérisson ! Mon âme, sa langue insatiable a déjà léché le pire et le meilleur, elle a plongé à toute profondeur, mais toujours, pareille au bouchon, elle rejaillit, et surnage, toujours, goutte d’huile dansant sur des mers brunes ! C’est pour cette âme qu’on me nomme Bienheureux. Qui me sont donc père et mère ? Mon père, n’est-ce pas le prince Abondance et ma mère, le Rire en Silence ? Ne suis-je pas né de leur lit, moi, bête à énigme, moi, monstre lumineux, moi, gaspilleur de toute sagesse, Zarathoustra ? Malade aujourd’hui de tendresse, souffle tiède du vent, Zarathoustra attend, assis, attend sur ses montagnes, dans son propre suc, attendri et recuit, au-dessous de sa cime, au-dessous de ses glaciers, heureux et las, démiurge au septième jour. -Silence ! Une vérité passe sur moi comme un nuage, - Elle m’atteint d’invisibles éclairs. Par de larges et lents gradins son bonheur monte jusqu’à moi : Viens, viens, vérité bien-aimée ! -Silence ! C’est ma vérité à moi ! De ses yeux incertains aux frissons veloutés, m’atteint son regard, aimable et méchant, vrai regard de vierge ! Elle a deviné le fond de mon bonheur, elle m’a deviné – que médite-t-elle ? Un dragon empourpré m’épie dans l’abîme de son regard virginal. -Silence, car voici que parle ma vérité ! Malheur à toi, Zarathoustra ! Tu ressembles à quelqu’un qui aurait avalé de l’or : on t’ouvrira le ventre, un jour ! Tu es trop riche ! Trop nombreux ceux que tu corromps ! Tu fais trop d’envieux, tu rends pauvres trop de gens ! Même à moi, ta lumière porte ombrage, je tremble de froid : va-t’en, Riche ! Va-t’en, Zarathoustra, de ton soleil ! Tu voudrais donner, distribuer ton superflu, mais c’est toi, le plus superflu ! Sois raisonnable, ô Riche ! Donne-toi d’abord toi-même, ô Zarathoustra ! Dix ans déjà… Pas une goutte qui t’ait atteint ? Pas un souffle humide, pas une rosée d’amour ? Mais qui pourrait t’aimer ? Tu es trop riche ! Ton bonheur dessèche les alentours, les appauvrit d’amour, -terre altérée de pluie. Nul ne te rend grâces, mais tu rends grâces à chacun qui accepte tes dons. C’est à cela que je te reconnais, trop riche, ô toi le plus pauvre de tous les riches ! Tu te sacrifies, ta richesse te tourmente, tu te donnes sans compter, tu ne t’épargnes pas, tu ne t’aimes pas : le grand Tourment ne te lâche pas, le tourment de greniers trop pleins, d’un cœur trop plein… Personne ne te rend plus de grâces… Il te faut t’appauvrir, sage insensé ! -si tu veux être aimé. On n’aime que ceux qui souffrent, on n’offre d’amour qu’aux affamés : donne-toi d’abord toi-même, ô Zarathoustra ! -Je suis ta vérité… (Friedrich Nietzsche, Dithyrambes pour Dionysos) |
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