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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2017-04-12 | [Acest text ar trebui citit în francais] | Înscris în bibliotecă de Guy Rancourt
Tu peux m’ôter le pain,
m’ôter l’air, si tu veux : ne m’ôte pas ton rire. Ne m’ôte pas la rose, le fer que tu égrènes ni l’eau qui brusquement éclate dans ta joie ni la vague d’argent qui déferle de toi. De ma lutte si dure je rentre les yeux las quelquefois d’avoir vu la terre qui ne change mais, dès le seuil, ton rire monte au ciel, me cherchant et ouvrant pour moi toutes les portes de la vie. À l’heure la plus sombre Égrènes, mon amour, Ton rire, et si tu vois Mon sang tacher soudain Les pierres de la rue, Ris : aussitôt ton rire Se fera pour tes mains Fraîche lame d’épée. Dans l’automne marin Fais que ton rire dresse Sa cascade d’écume, Et au printemps, amour, Que ton rire soit comme La fleur que j’attendais, La fleur guède, la rose De mon pays sonore. Moque-toi de la nuit, Du jour et de la lune, Moque-toi de ces rues Divagantes d’île, Moque-toi de cet homme Amoureux maladroit, Mais lorsque j’ouvre, moi, Les yeux ou les referme, Lorsque mes pas s’en vont, Lorsque mes pas s’en viennent, Refuse-moi le pain, L’air, l’aube, le printemps, Mais ton rire jamais Car alors j’en mourrais. (Pablo Neruda, Les vers du Capitaine, 1952. Aussi in Neruda par Skarmeta », Paris, Grasset, 2006, pp. 127-128.)
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